SOCIÉTÉ : Un plan d’action pour restaurer la sécurité du quotidien

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Vendredi dernier, le préfet Cyrille Le Vély a présenté le Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ) pour Saint-Martin, en réponse à une directive du ministère de l’Intérieur. Cette initiative repose sur 22 mesures clés, élaborées en collaboration avec la gendarmerie, la police aux frontières, la justice et la collectivité, afin de lutter contre la délinquance et rétablir un climat de sécurité sur le territoire.

Le préfet Cyrille Le Vély a insisté sur les trois axes majeurs : la lutte contre la délinquance armée, la sécurité routière et la prévention des violences intrafamiliales et sexuelles. Avec une trentaine de points de deal identifiés, les forces de l’ordre intensifient leurs efforts pour endiguer le trafic de drogue et les règlements de comptes. L’escadron de gendarmerie mobile, “en poste permanent” précise le commandant Hugues Loyez, vient en appui pour mener des actions de contrôle et d’investigation.

Concernant la sécurité routière, le comportement des usagers, notamment des conducteurs de deux-roues, est un sujet de préoccupation. En 2024, si le nombre de décès sur nos routes a diminué (2 contre 5 en 2023), les chiffres des accidents restent inquiétants. Le PADRSQ prévoit des mesures strictes, comme l’opération No Helmet, No Ride, pour lutter contre le non-port du casque, ou Faraday, avec la mise en fourrière provisoire des véhicules en infraction et la destruction immédiate des deux-roues utilisés pour commettre un crime.

Enfin, les violences faites aux femmes et aux enfants restent un problème préoccupant, souvent sous-déclaré. Six mesures spécifiques sont prévues, notamment la relance du comité local d’aide aux victimes, la mise en place de permanences discrètes de la gendarmerie pour faciliter le dépôt de plainte, ainsi qu’un canal de communication dédié aux enfants, en lien avec l’éducation nationale et les services médicaux.

 

Une approche globale et évolutive

Le vice-procureur Yann Burnichon a insisté sur la nécessité d’une réponse judiciaire ferme, avec des peines exemplaires prononcées contre les criminels. Concernant les vols à main armée (VAMA), si la moyenne nationale est d’un VAMA pour 1000 habitants, le ratio est 102 fois plus élevé sur notre territoire. En 2024, on dénombre 120 vols avec arme à feu à Saint-Martin.

À ce jour, entre 60 et 80 Saint-Martinois sont écroués à la prison de Basse-Terre dont la capacité est déjà dépassée (près de 200 détenus). Cependant, la répression ne suffit pas : la sénatrice Annick Pétrus a rappelé que 60% des délinquants sont des jeunes, et qu’il est urgent de renforcer les dispositifs d’accompagnement et d’occupation. La mise en place du RSMA à Marigot, en collaboration avec la Collectivité, offrira des solutions de réinsertion aux jeunes en difficulté.

La sécurité des zones touristiques est également un enjeu crucial. À Grand-Case, les violences récentes ont conduit à des mesures régaliennes, avec des patrouilles renforcées et une surveillance accrue. La possibilité de piétonniser certaines rues est en discussion avec les socioprofessionnels pour améliorer la sécurité sans pénaliser l’activité économique.

Enfin, le PADRSQ met l’accent sur la vidéo protection, jugée essentielle pour la prévention et la résolution des enquêtes. Le déploiement doit s’accélérer, selon la sénatrice Annick Pétrus, qui plaide pour une généralisation du dispositif sur tout le territoire avec l’installation de 40 caméras, associées à un centre de supervision urbaine, d’ici juin 2025.

 

Un engagement collectif pour un territoire plus sûr

Le préfet Cyrille Le Vély l’affirme : la restauration de la sécurité à Saint-Martin est une priorité absolue. Ce plan ne pourra fonctionner qu’avec l’implication de tous : forces de l’ordre dont la police aux frontières représentée par le chef du SPAF, David Appelghem, justice, collectivité et citoyens. En s’appuyant sur une coopération renforcée avec Sint Maarten et Anguilla et sur des moyens accrus, Saint-Martin doit retrouver un cadre de vie serein et sécurisé. Le PADRSQ est une démarche évolutive, qui s’adaptera aux réalités locales pour assurer une sécurité durable à tous les habitants. _Vx

Les 22 mesures du Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ) pour le territoire de Saint-Martin

 

Lutte contre la délinquance armée

 

  • En cours – Surveillance renforcée des zones touristiques et des lieux à risque : mise en place de patrouilles pédestres et mobiles, dont certaines banalisées, aux points les plus exposés à la violence armée (devant les épiceries, dans les secteurs fréquentés par les touristes, aux heures les plus criminogènes)

Indicateur : Nombre d’heures de présence de voie publique

  • En cours – Renfort des effectifs de la section de recherche de la Gendarmerie : cette montée en puissance permet une intensification de l’action d’enquête et de recherche des auteurs, en particulier pour les vols à main armée.

Indicateur : Vitesse et taux d’élucidation des affaires
Indicateur : Nombre d’interpellations d’auteurs impliqués dans des vols à main armée

 

  • En cours – Réflexions avec la collectivité et les socio-professionnels autour de la piétonisation des secteurs touristiques menacés : cette mesure, en réduisant le passage de deux-roues pourrait avoir un effet efficace contre les vols à main armée, comme l’a montré l’expérimentation en cours à Grand-Case (plus aucun vol à main armée n’est survenu depuis sa mise en place). La piétonisation doit toutefois se faire en bonne intelligence avec les schémas de circulation et de stationnement et sans préjudice de l’activité économique des boulevards concernés.

Indicateur : Evolution du nombre de faits de violence après piétonisation

Indicateur : Réalisation d’une étude sur la mise en place d’une piétonisation durable dans les secteurs touristiques de l’île en lien avec les

socioprofessionnels concernés.

 

  • En cours – Travaux de sécurisation des boîtiers d’accès aux systèmes électrique: par la Collectivité: permettant l’extinction des lumières d’un quartier, ce: postes insuffisamment sécurisés facilitent les comportements criminels tel: que les vols à main armée.

Indicateur : Nombre de postes électriques sécurisés et hors d’accès

 

  • À venir – Projet visant à déployer la vidéoprotection à Saint-Martin par la Collectivité : accompagnement de la collectivité pour permettre l’installation de 40 caméras, associées à un centre de supervision urbaine, d’ici juin 2025 alors que le système de vidéoprotection n’a pas été réinstallé depuis le passage de l’ouragan Irma.

 

Indicateur : Nombre de caméras installées d’ici la fin de l’année 2025

Indicateur : Evolution de la délinquance après la mise en service du CSU

 

Lutte contre la violence routière

 

  • En cours – Multiplication des formats des opérations de lutte contre l’insécurité routière: les opérations « No Helmet No ride» et les opérations Faraday seront reconduites, leur programmation sur des créneaux et lieux spécifiques permettre d’intercepter des contrevenants, et de porter une action visible à même d’envoyer un message fort de lutte contre l’impunité.

Indicateur : Bilan de ces opérations
Indicateur : Evolution des comportements (mesurée par la baisse du nombre d’infractions constatée sur l’année)

 

  • En cours – Action contre les comportements dangereux de la part des deux-roues: avec la création d’une fourrière temporaire dans l’attente de la mise en place d’une fourrière définitive (principal moyen matériel de commettre les infractions; utilisé dans 95% des vols à main armée)

Indicateur : Nombre de scooters saisis / détruits

 

  • À venir – Réflexion autour du projet de construction d’une fourrière avec la Collectivité: la construction d’une fourrière permettra d’apporter une réponse immédiate et dissuasive aux infractions constatées. Elle permettra par ailleurs de participer à la réduction des risques en retirant rapidement de la circulation les véhicules non conformes ou dangereux.

Indicateur : Date de mise en service de la fourrière
Indicateur: Evolution du nombre d’infractions donnant lieu à la mise en fourrière

 

Lutte contre les violences intrafamiliales et les violences sexuelles

 

  • En cours – Mise en place de permanences discrètes de la Gendarmerie pour faciliter le dépôt de plainte en partenariat avec divers acteurs sociaux de Saint-Martin.

 

  • En cours – Mobilisation des acteurs clefs du monde social en faveur de l’accompagnement des victimes de violences intrafamiliales: cette
    mobilisation partenariale large permettra une meilleure détection des cas de violence.

Indicateur : Taux de satisfaction des victimes prises en charge

 

  • À venir – Soutenir la relance du Comité local d’aide aux victimes (CLAV) et réaffirmer au travers de cette instance de coordination l’engagement des services de l’État dans la lutte contre ces violences.

 

Indicateur: production d’un état des lieux des actions et dispositifs existants

Indicateur: rédaction d’un plan d’action visant à penser des pistes d’amélioration

 

  • À venir – Impulser une campagne de prévention des violences intrafamiliales et des violences sexuelles ciblée auprès des jeunes enfants, et développer des supports pédagogiques adaptés.

Indicateur : nombre d’élèves sensibilisés à travers la campagne de prévention

Indicateur: évolution du nombre de signalements via l’éducation nationale suite à la campagne de prévention

 

  • À venir – Sensibilisation de l’ensemble des professionnels de l’éducation, de la santé et du périscolaire (enseignants, ATSEM, personnels de crèches, médecins scolaires) à l’identification des signes de violences et au protocole de signalement.

Indicateur : nombre de professionnels formés
Indicateur: évolution du nombre de signalements suite à l’action de sensibilisation

  • À venir – Mise en place d’un dispositif d’accompagnement et de prévention de la prostitution des mineures

Indicateur : nombre de mineures accompagnées

 

Mesures transversales

 

  • En cours – Mobilisation du continuum de sécurité pour prévenir les actes de délinquance: intensification des échanges entre les partenaires au sein duCLSPD afin de prévenir la délinquance avant qu’elle ne survienne, dans une démarche collaborative et d’aller-vers les populations.

Indicateur : Nombre d’actions décidées et mises en œuvre par le CLSPD

 

  • En cours – Mise en place d’une cellule dédiée au traitement du contrôle des véhicules au sein de la Gendarmerie dont l’objectif sera de saisir le maximum d’armes et stupéfiants transportés dans les véhicules tout en sanctionnant les comportements routiers irresponsables.

Indicateur : Hausse du nombre d’infractions relevées
Indicateur : Hausse du nombre de saisies

 

  • En cours – Mobilisation des Gendarmes mobiles sur l’île de Saint-Martin: les gendarmes mobiles représentent sur le territoire une part significative de l’effectif total du COMGEND (environ 40%). Leur action dans tous les domaines de la délinquance sera optimisée.

Indicateur : Baisse du nombre de faits de délinquance

 

  • En cours – Organisation des assises de la violence chez les jeunes : élaboration d’un diagnostic précis et partagé des causes profondes de la violence chez les jeunes au moyen d’une démarche de mobilisation transversale des acteurs du territoire (préfecture, éducation nationale, justice, collectivité, socio-professionnels, acteurs associatifs…). L’objectif sera de coconstruire un plan d’action spécialement dédié à la prévention des comportements violents chez les jeunes, à mettre en œuvre dès la fin du premier trimestre 2025.

Indicateur : Publication d’un plan d’action des Assises d’ici la fin du premier trimestre

 

  • En cours – Recherche de locaux avec la Collectivité pour permettre l’installation d’une antenne du Régime du Service Militaire Adapté à Marigot : les formations qualifiantes offertes par le RSMA doivent permettre de favoriser l’insertion durable des jeunes sur le marché de l’emploi, tout en inculquant des valeurs de rigueur, de respect et de travail, essentielles pour des jeunes en perte de repères.

Indicateur : Identification de locaux adaptés dans le centre ville

 

  • À venir – Développement avec les partenaires du monde économique et de l’éducation de parcours d’insertion des jeunes via des programmes dédiés à l’instar du projet Mangrove axé sur les métiers de la restauration et de l’hôtellerie.

Indicateur : Mise en place de nouveaux programmes d’insertion par l’emploi

 

  • À venir – Soutien de l’État au Programme de Réussite Éducative (PRE) : volet essentiel de la politique de la ville, il permet chaque année de définir des parcours éducatifs en faveur des jeunes en difficulté.

Indicateur : Nombre de jeunes accompagnés
Indicateur : Nombre de ieunes accusant de bons résultats

 

  • À venir – Soutien au projet de la Collectivité de création de 3 bureaux de la police territoriale dont deux sur les quartiers prioritaires de Sandy Ground et de Quartier d’Orléans, et un sur le secteur touristique de Grand-Case.

Indicateur : Date d’ouverture des postes de police
Indicateur : Effet sur les faits de délinquance dans le quartier d’implantation dans les mois suivant l’installation.

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