Bien-être / MBTI®, deuxième partie : l’interview d’Antoine

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Il y a quelques temps, nous avions publié un retour d’expérience sur le MBTI (Myers Briggs typology indicator). Souvenez-vous, il s’agit d’un outil basé sur des recherches en psychologie qui permet de mieux comprendre son fonctionnement et celui des autres. Il existe 16 types de personnalités avec des nuances plus ou moins importantes selon notre éducation et les choix que nous avons faits dans nos vies. Après le retour sur le fonctionnement de l’atelier et les résultats obtenus, voici les explications du professionnel, Antoine Ferté. 

Faxinfo : Comment peux-tu expliquer  ce qu’est le MBTI ?

Antoine Ferté : Le MBTI c’est un modèle qui met en évidence des zones de facilité, des tendances naturelles qui sont des zones dans lesquelles on va être plus performant. Et à l’opposé des zones d’efforts, des zones d’inconnu, des zones un peu plus difficiles. Ca c’est la démarche fondamentale. L’autre aspect vraiment intéressant c’est que c’est pertinent. Les 4 dimensions qui sont utilisées ont vraiment un impact dans la vie courante. Ce n’est pas périphérique, on parle de choses qui interviennent en permanence. L’autre chose importante… c’est très facile d’accès, on ne met pas en jeu des contenus personnels forts, chargés. On est sur des comportements qu’on a dans la vie de tous les jours, que nos voisins peuvent voir, que l’on peut voir. C’est un modèle qui existe depuis longtemps maintenant, s’il ne tenait pas la route, on l’aurait « dézingué », il n’aurait pas supporté toutes les études qui ont été faites. C’est un outil intéressant dans une démarche d’auto-connaissance. On reste ce que l’on est mais on se vit différemment et on vit les autres différemment aussi.

FI : Quel est l’origine du MBTI ?

AF : Les études théoriques reposent sur les travaux de Jung qui est un grand penseur de la fin du 19ème, début 20ème et qui s’est éloigné de Freud assez rapidement. Freud avait une vision trop centralisée sur la vie sexuelle qui devait, selon lui, tout conditionner. Jung a commencé des études d’ethnologie sur les peuples primitifs, il a mis le doigt sur des notions très profondes, des archétypes et il a sorti un livre qui devient la référence, « Les types de personnalité » dans les années 20. Mais enfin, c’est un chercheur, il suffit de lire ses livres ou son autobiographie pour comprendre qu’il faut le suivre !

FI : On n’était pas encore sur l’outil MBTI ?

AF : Pas du tout ! On pourrait presque dire que c’était de la recherche fondamentale. La chance c’est que Madame Briggs qui est une américaine contemporaine de Jung a repris ses travaux et dans une démarche pragmatique a voulu en faire un outil, un indicateur. Elle a développé ça avec sa fille, Isabelle Briggs-Myers et c’est devenu progressivement un outil. Elles ont développé un questionnaire en faisant énormément d’études sur la manière de poser les questions et les liens statistiques entre les différentes questions. Ca a été poussé très loin et aujourd’hui c’est essentiellement véhiculé par un questionnaire qui est la base. C’est devenu progressivement un outil relativement simple, assez impersonnel, on n’est pas obligé de raconter sa vie et c’est vraiment efficace, c’est pour cela que les entreprises ont commencé à s’y intéresser.

FI : C’était ma prochaine question. Quelles sont les applications de l’outil MBTI ?

AF : Il y a des entreprises qui prennent le MBTI quasiment comme étant la base culturelle de l’entreprise parce que ça donne un langage commun. Les employés passent tous par des stages de connaissance de leur propre type, dans un souci d’efficacité. Les gens sont bien, bien à leur place, ils connaissent leurs limites, leurs défauts, leurs points faibles, ils sont plus efficaces. C’est dans ce cadre là un outil de référence en cas de difficultés entre deux personnes. Ca peut aussi être utilisé dans une approche de team building, la cohésion d’équipe. C’est extrêmement efficace parce que dans un groupe il ne faut pas que les gens soient tous pareils. S’ils sont tous les mêmes, c’est un groupe qui va avoir des gros points forts mais aussi de très gros points faibles. Il y a des personnalités qui sont atypiques et au lieu d’en faire spontanément le vilain petit canard, le « mec » dont on se moque régulièrement parce qu’il est différent, le MBTI permet de montrer ce qu’il apporte de différent et dans quelle mesure il donne de la force et de la cohérence à l’ensemble du groupe. C’est utilisé dans les démarches de team building soit parce que le problème existe déjà donc il faut gérer des conflits, soit parce que ce sont des gens qui vont faire des choses ensemble et là ils se connaissent, ils se valorisent mutuellement, ça donne une force supplémentaire au groupe. Après, il peut y avoir des intérêts purement individuels, d’orientation professionnelle sachant que, pour moi, c’est un outil qui est difficilement utilisable avant l’âge de 18-20 ans. Mais les problèmes d’orientation ne se posent pas qu’entre 16 ans et 18 ans ! Si on est orienté vers des postes qui mettent trop en jeu nos zones d’effort, on risque de se lasser, de se fatiguer et de ne jamais être bon. Et d’avoir le sentiment qu’on n’est pas à sa place. Après il faut savoir qu’il n’y a aucune activité professionnelle qui ne mette pas en jeu au moins une partie de nos zones d’effort. Le MBTI donne du sens à la zone d’effort, on le fait bien parce que ça nous grandit parce que l’effort qu’on fait c’est un effort volontaire, conscient qui nous alimente en retour, qui nous gratifie et on sait qu’on est en train de découvrir un monde qui n’est pas le nôtre… ça donne un intérêt à l’effort. La lassitude arrive quand on fait des choses qui sont trop loin de nous. Il faut savoir que les deux fonctions de base qui nous constituent, c’est pour la vie. Même si on découvre autre chose, même si on pondère, même si on  prend de la maturité, ça reste nos deux piliers de personnalité, nos deux points forts, ce qui fonctionne en permanence.

FI : On voit bien l’application professionnelle. Et sur le plan personnel, en quoi ça peut aider les gens ? 

AF : C’est comme toutes les démarches d’auto-connaissance, ça donne des informations et une compréhension sur soi-même donc forcément on devient quelqu’un de différent, notre niveau de conscience évolue, on prend une distance par rapport à soi-même. Déjà les mécanismes sont moins mécaniques. Même si on a des tendances de base qui fonctionnent bien, elles sont mécaniques au départ. Si on n’y met pas de la lumière, de la compréhension, c’est elles qui pilotent, ce n’est pas nous. Ca, c’est la démarche fondamentale de tous les outils d’auto-connaissance. Ce qu’il y a de spécifique avec le MBTI c’est que ça devient très facile de connaître les caractéristiques, au moins en partie, des gens avec qui on vit. Dans le couple, par exemple, ça c’est certain.

FI : Est-ce que ça peut permettre d’éviter une rupture, par exemple ?

AF : Eviter, une séparation, on ne peut pas aller jusque là. Mais pour les gens qui vivent bien ensemble, ça va améliorer leur vie parce que même s’ils vivent bien ensemble, il y a forcement des aspects qui grincent et là aussi c’est un aspect dont je parle pendant la formation. Moi, je ne mets pas en avant les concessions et souvent dans la vie de couple, on dit qu’il faut en faire. Mais c’est quoi les concessions ? Quelque part, c’est se nier soit même pour permettre à un couple d’exister. Est-ce que c’est juste de se nier, soit même ? Et jusqu’à quel point ? Puis, est-ce que c’est équilibré ? C’est difficile que ce soit du 50/50. Alors qu’en fait, ma vision de la vie c’est d’être au maximum, dans tout ce qu’on fait dans la justesse et pas dans la concession. Là, je ne suis pas en train de concéder de passer du temps avec toi. Je suis juste ok avec ça. C’est juste. Dans le couple c’est pareil. Si le couple tient parce qu’il faut faire des concessions, le couple n’est plus juste. Le MBTI permet à chacun d’être ce qu’il est. La justesse c’est être ce qu’on est  en y mettant de la conscience et de la lumière. Si on est ce qu’on est dans la mécanicité pure et dure et bien on fait des excès. « On est comme on est » et c’est aux autres de faire avec. Ca ce n’est pas juste. Alors qu’en mettant de la lumière sur soi-même, forcément on a des possibilités d’action sur soi. On sait que même pour soi-même, il y a des aspects qui sont excessifs parce qu’on a des retours, des boomerangs. Donc on a intérêt à se pondérer. Et puis l’autre aspect, c’est qu’on valorise l’autre. On est dans une démarche de dialogue. C’est le dialogue qui change les choses, ce n’est pas l’énervement. Ce n’est pas une question de concession, c’est plutôt, on avance ensemble. Il y en a un qui fait un effort mais cet effort l’enrichit et l’autre devient moins tatillon. On a instauré un dialogue, il y a des éléments communs de compréhension. Le problème dans le couple, c’est le dialogue. S’il n’y a plus que de l’humeur, ça devient compliqué.

FI : Est-ce qu’on peut imaginer que ça ait une utilité dans les rapports parent/enfant ? 

AF : Oui, bien sûr ! En tant que parent c’est certainement un outil de compréhension de ses enfants et de meilleure éducation, d’accepter de reconnaître les tendances de son enfant, de les favoriser. En tout cas, de ne pas s’y opposer, ne pas nuire. En tant que parent, on a forcement nos idées à propos de ce qui est bien mais nos idées ce sont les nôtres.  Le MBTI donne une autre vision, « je suis extraverti, il un introverti. Ses besoins ne sont pas les mêmes que les miens ». Il faut accepter ça. Le besoin de repli, par exemple. Il faut accepter… Et ne pas rester dans un schéma borné de ce qu’est le comportement normal. Le comportement normal, ce n’est pas une moyenne, c’est ce qui est juste pour toi. Ca c’est le comportement normal.

FI : Est-ce qu’il est possible d’utiliser les tests qu’on trouve sur internet ? Est-ce qu’ils sont fiables ? 

AF : J’en ai testé un mais le problème c’est que je décode les questions mais il y a des tests sur internet qui sont bien. Il y a un site qui s’appelle 16 personnalités (https://www.16personalities.com/) qui est assez juste.

FI : Tu es là jusqu’à fin juillet. Est-ce que les gens peuvent te contacter ?

AF : Oui, mais il faut que ce soit en groupe. 10-12 personnes, c’est bien. Sinon les gens peuvent découvrir sur internet mais ce qui est intéressant c’est la dynamique de groupe. Il se passe quelque chose. Les gens parlent, ce qu’ils disent je ne peux pas l’inventer. Les gens ont très bien exprimé ce qui se passe en eux, mieux que je n’aurais jamais pu le faire (pendant la formation qui a eu lieu à Saint-Martin. NDLR). Quelqu’un qui parle de sa tendance, si ce n’est pas la mienne, en parle toujours mieux que moi. Et là, il y a un effet dynamique de groupe qui s’installe et qui est vraiment intéressant. C’est moins une théorie. Après, il y a de très bons bouquins. Les bouquins de Pierre Cauvin et son amie Geneviève Cailloux  sont très bien. J’ai été formé par eux, c’est la référence.

Mais je veux éviter « l’effet Marie Claire ».  Je fais un test, je reçois une info et pouf ! Je suis comme ça !  Le développement personnel, ça passe par des prises de conscience. _NB

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