A 25 ans, Y.T est un habitué des tribunaux. Il affiche un passé de délinquance qui lui a valu plusieurs condamnations assorties parfois de peines d’emprisonnement. A sa sortie du système carcéral le 15 mai dernier et de retour au domicile familial, Y.T a appris l’homosexualité de l’un de ses frères. Il ne l’a ni accepté, ni supporté.
Il est des histoires plus faciles à entendre, lire et écrire que celle relatée mercredi dernier par le tribunal de proximité de Saint-Martin. Des audiences autrement plus calmes également. Le 02 septembre dernier, Y.T comparaissait pour cinq chefs d’accusation. Il lui était notamment reproché d’avoir à maintes reprises proféré des menaces de mort et des violences envers sa famille et notamment envers son jeune frère dont il a appris l’homosexualité.
« Je vais te tuer dans ton sommeil si je te vois avec un homme »
Après avoir écopé d’une peine de 18 mois de prison pour des faits de violences avec arme, Y.T retrouve la liberté le 15 mai 2020. A son retour au domicile familial, il retrouve sa mère et ses deux jeunes frères. Au cours du mois de juillet, l’un d’entre eux révèle ses préférences sexuelles à sa famille. Y.T ne l’accepte pas et tient à le faire savoir. Il s’en prend une première fois à son frère « sous prétexte que ce dernier lui faisait honte », relate le tribunal. Durant un mois la colère du jeune repris de justice couve. Fin août, elle éclate. Alors que la victime était sur son lit, Y.T lui lance un objet qui le manque de peu, un diffuseur d’huile essentielle, précise le tribunal. Le troisième de la fratrie assiste à la scène et décide de s’interposer entre les protagonistes. Une vive dispute éclate entre les membres de la fratrie, très vite rejoints par la mère. Des coups de bâton sont donnés par Y.T qui se montre menaçant. « Si je te vois avec un homme, je vais te tuer. Je vais te tuer pendant ton sommeil » hurle-t-il. Bien décidé à joindre la parole au geste sinon à montrer sa détermination, Y.T empoigne deux couteaux dans la cuisine et menace toute sa famille. Pour le frère c’en est trop, il va déposer plainte. « Je reviendrai vous tuer après ma libération », prévient Y.T.
Interruption de séance, le prévenu s’assomme dans le box des accusés
A la barre, les témoignages se succèdent. Y.T n’est pas des plus loquaces. Entouré de deux gendarmes, son visage est crispé, ses yeux noirs balayent le vide, se ferment, se fixent aléatoirement sur chacun des membres de sa familles ; les victimes dans cette affaire. Lorsque sa mère arrive à la barre, Y.T gesticule, s’assoit puis se relève. Il ferme une nouvelle fois les yeux. L’atmosphère est pesante. BOOM !
Une détonation résonne dans la salle d’audience. Ce bruit sourd, c’est celui de la tête de Y.T volontairement lancée contre la paroi latérale du box des accusés. Y.T s’effondre, les gendarmes s’affairent à constater son état de santé. La séance est interrompue, le temps d’évacuer le prévenu vers le centre hospitalier pour des examens complémentaires.
Retour à la barre
Deux heures se sont écoulées, peut-être un peu moins depuis la tentative folle de Y.T ; « un geste signe d’une grande détresse et auquel on ne peut rester insensible » dira son conseil, Me Davy Barreiro, au cours de sa plaidoirie. « Il faut avoir reçu un peu d’amour et de bienveillance pour en donner » expliquera encore ce dernier. Pour le ministère public « quand on a commis des faits, on doit en assumer les conséquences. L’orientation sexuelle est une liberté dans notre société. Chacun doit le comprendre et si ce n’est pas le cas, vous ne pouvez pas subsister dans cette société… 6 condamnations… il faut s’arrêter et reprendre sa vie en main », notera le vice-procureur dans ses réquisitions. Après en avoir délibéré, le tribunal a déclaré coupable Y.T de tous les faits qui lui ont été reprochés et l’a condamné à une peine de 10 mois d’emprisonnement dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans, avec obligation de soins et de travail. Conformément aux réquisitions du Ministère public, il lui a également été interdit d’entrer en contact avec ses frères et sa mère et de détenir une arme pendant cinq ans. Le Tribunal a également prononcé son maintien en détention. Un verdict qui a déclenché les hurlements de détresse et de colère du prévenu.
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