Artiste passionnée, Mino Ravaozanany partage ses aquarelles empreintes de souvenirs marins et d’architecture créole sur les marchés locaux. Entre une enfance parisienne et des années de navigation autour du monde, son pinceau raconte une histoire riche d’émotions et de découvertes.
Enfant, Mino Ravaozanany grandit dans le Paris bohème des années 60. Fille de parents malgaches, elle connaît peu sa mère et son père est absent. “Ma mère avait rejoint mon père à la capitale alors qu’elle était enceinte de lui. Il avait déjà refait sa vie avec une autre, alors ma mère s’est retrouvée un peu perdue. Dès ma première année, je suis confiée à une famille du 16ème arrondissement sous les conseils d’un pasteur aidant”, raconte Mino. Jusqu’à ses 18 ans, elle sera élevée par une femme et ses deux filles dont elle reste toujours très proche aujourd’hui. À la majorité, Mino s’envole pour la Réunion où elle retrouve une amie parisienne. Ses vacances se transforment en séjour permanent et une nouvelle vie commence. Elle se lance dans les études pour devenir enseignante mais elle change de cap rapidement : ”J’avais 20 ans, je me cherchais beaucoup à cette époque. J’ai enchaîné avec des petits boulots jusqu’à ce que je travaille en librairie où j’ai tout de suite accroché”.
Le pouvoir de la littérature
Mino trouve sa place et persévère jusqu’à trouver un poste de représentante en maison d’édition jeunesse scolaire : “Je présentais des livres dans les écoles, je faisais des animations. Le contact avec les enfants de la maternelle au collège me plaisait beaucoup. J’aimais voir leurs réactions, recueillir leurs impressions. C’était vraiment passionnant”. Peu après, Mino devient responsable du rayon scolaire d’une grande librairie à la Réunion : “Je m’en souviens, la libraire s’appelait Autrement”, ajoute-elle avec mélancolie. Ardente lectrice, elle raconte avoir été initiée dès son plus jeune âge à la littérature : “Grâce à cette famille, toujours un livre à la main, j’y ai naturellement pris goût. Alors, j’ai lu toute ma vie mais beaucoup moins depuis quelques années. En fait, la peinture me prend tout mon temps maintenant”.
Aquarelle au fil de l’eau
En effet, 5 ans en arrière, Mino se découvre un tout nouveau talent : la peinture. Partie en voilier pendant près de 10 ans aux côtés de Jean, son amoureux depuis plus de 40 ans, elle parcourt le monde et ses océans avant de s’amarrer au port de Marigot. “C’est arrivé comme ça. Alors qu’on naviguait, j’ai pris en photo une maison au bord de l’eau et j’ai eu envie de la peindre”, explique-t-elle.
À l’aquarelle et à l’encre de chine, Mino aime travailler les petits détails : “J’ai tout de suite aimé l’architecture de cette maison et ses tons sépia. Peut-être qu’elle me rappelait celle où j’avais grandi à Paris”. Pendant un temps, l’artiste se spécialise dans les cases créoles monochromes avant de ravir les passants du marché de la Baie Orientale de ses magnifiques créatures marines : “Toutes ces années passées en mer m’inspirent, bien sûr. Je me rappelle cette première baleine qu’on avait vue avec Jean. On avait un petit bateau de 9,30 mètres, la baleine paraissait immense ! Aujourd’hui, les baleines sont mes modèles préférés”. _LM
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