Dans un courrier daté du 4 août 2020 adressé à Madame la Préfète déléguée de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, Sylvie Feucher, Angèle Dormoy Présidente de la Chambre Consulaire Interprofessionnelle de Saint-Martin tire la sonnette d’alarme quant à l’impact économique de la fermeture des frontières.
Historiquement, les autorités de l’île ont toujours fait le choix de construire un territoire basé sur des ressources et des infrastructures partagées : si, les infrastructures d’accueil (Aéroport international, Port de Croisière) sont situées en partie Néerlandaise, la partie Française s’enorgueillit du charme touristique de son littoral, de son patrimoine architectural, de sa gastronomie aux saveurs créoles et aux spécialités mondialement réputées. Ainsi, si les deux parties de l’île sont économiquement interdépendantes, force est de constater que les répercussions sont essentiellement économiques :
– Baisse conséquente du Chiffre d’Affaires dès l’annonce de la fermeture de la frontière,
– Impossibilité pour nos ressortissants de s’approvisionner sur la partie hollandaise (et vice versa),
– Difficulté à obtenir les attestations de déplacements transfrontaliers pour les chefs d’entreprises et leurs salariés,
– Difficulté d’organisation logistique,
– Nos supermarchés et autres commerces détaillants s’approvisionnent pour beaucoup en partie Néerlandaise (Port Cargo et Stockage),
– Nos taxis dépendent essentiellement des arrivées à Juliana, le transport des touristes entre les hôtels de Simpson-bay et les restaurants de Grand-Case ou encore le centre-ville de Marigot,
– Nos artisans du BTP se fournissent auprès des quincailleries de Phillipsburg et Colebay,
– Nos retraités ne peuvent pas accéder aux banques de la partie Néerlandaise et à la Caisse d’Assurance Maladie/Retraite (SZV),
– Nous ne pouvons pas rendre visite à nos frères, nos cousins, nos parents …
Nous reconnaissons et saluons le travail des services de l’État dans la gestion de cette crise sanitaire ainsi que les mesures de soutien aux entreprises : cette catastrophe sanitaire et économique, que nous vivons, détruit notre économie et nos familles – sur cette île, toujours, en reconstruction. Au sein de la cellule CARE, mise en place par la Collectivité en partenariat avec la CCISM pour régulariser les situations administratives, fiscales et sociales des entreprises, nous constations que près de 60% des TPE et chefs d’entreprises indépendants n’ont pu bénéficier des aides annoncées par le Gouvernement pendant le confinement. Dans ce contexte, les acteurs économiques locaux ont fait le choix de consacrer toute leur énergie au redémarrage des entreprises et à la sauvegarde économique du territoire. En effet, derrière le tourisme et les services marchands, il y a des savoir-faire, des quartiers, une cohésion sociale… des familles. Le dispositif STAYCATION mis en place représente 515 000€ pouvant être réinjecté dans l’économie locale en complément de la contribution des clients. Les entreprises adhérentes ayant fait confiance au dispositif, ont pu déjà constater une augmentation de leurs fréquentations au mois de Juillet, avec une clientèle provenant des deux côtés de l’île. Ainsi, en tant que Chambre Consulaire Interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM), représentante du monde économique du territoire, il est de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme. Les entreprises sont exsangues, malgré leur résilience, et souffrent de ce marasme économique sans précédent : En effet, les conséquences d’IRMA, de la crise des bromates, des manifestations du mois de Décembre 2019 sur le PPRN, et la présente crise sanitaire de la Covid-19 ont largement contribué à la mise à mort de notre économie. Cette nouvelle fermeture de la frontière entrainera la mort certaine de centaines d’entreprises sur la partie française de l’ile, qui perde environ 50% de leur clientèle. »
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