Assises sur la violence chez les jeunes : un premier pas vers des solutions

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Les premières Assises de la violence chez les jeunes de Saint-Martin se sont tenues au lycée Daniella Jeffry, réunissant une cinquantaine de participants, parmi lesquels le préfet Vincent Berton, la sénatrice Annick Pétrus, le procureur de la République Xavier Sicot, le vice-recteur Harry Christophe et la sous-préfète Marie-Hildegarde Chauveau en charge de l’organisation conjointe de l’évènement.

 

Un constat alarmant et un appel à l’action

 

Annick Pétrus a souligné l’urgence d’agir face à la montée de la délinquance juvénile. « Ce n’est pas une fatalité », a-t-elle déclaré, insistant sur l’importance de responsabiliser les parents et de renforcer le rôle des établissements scolaires. Elle se félicite de l’élargissement du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) pour mieux coordonner les efforts.

 

Pour tenter d’expliquer la montée de la délinquance depuis septembre dernier, le procureur Xavier Sicot a entre autres pointé du doigt une recherche d’identité par la violence et une image valorisante du délinquant dans certains quartiers. Le procureur a appelé à une approche concertée entre justice, éducation et structures d’accompagnement pour éviter une aggravation de la situation.

 

Le préfet Vincent Berton a dénoncé une banalisation inquiétante de la violence, constatant que celle-ci est devenue un « langage normal » à Saint-Martin. Il a aussi plaidé pour des initiatives éducatives, sportives et culturelles afin d’offrir aux jeunes des alternatives positives et structurer un avenir meilleur.

 

 

Des témoignages marquants : la possibilité d’un autre chemin

 

Six témoignages poignants ont illustré la réalité de la jeunesse saint-martinoise et l’impact du manque de repères familiaux et sociaux. Certains, autrefois impliqués dans la violence, ont partagé leur parcours de réinsertion grâce au sport, à la formation ou à un engagement associatif.

 

Deon Richardson raconté son passé de jeune en errance : livrée à lui-même dès l’adolescence, il a enchaîné les problèmes avec les forces de l’ordre avant de trouver des repères au sein d’une famille adoptive. Aujourd’hui pompier, il affirme que le changement passe par la volonté et l’encadrement parental.

 

Gabriella, jeune femme de 24 ans, a raconté son combat contre les traumatismes après un viol à 18 ans. Enfermée dans une spirale de violence et de rejet, elle a trouvé la force de se reconstruire grâce à sa fille : « La violence que j’ai subi n’est pas qui je suis aujourd’hui ».

 

D’autres, comme Raphaël Sanchez, Yoean Lake ou Samuel Gumbs, ont expliqué comment leur engagement dans le sport ou la gendarmerie leur a permis de sortir d’un environnement marqué par la délinquance ou les mauvaises influences. Thierry ‘Vély’ Abraham a quant à lui mis en avant l’impact de la musique dans son parcours, affirmant que chaque jeune peut trouver une passion pour changer de trajectoire. Témoin direct de violences intrafamiliales dans son enfance, il tient particulièrement à être à l’écoute de ses enfants et impliqué dans leur éducation.

 

Construire un avenir sans violence

 

Ces assises ont permis de poser les bases d’un travail collectif. Tous les intervenants s’accordent sur un point : lutter contre la violence nécessite un engagement global, associant les institutions, les familles et la société civile. Cette première édition marque un tournant : il ne s’agit plus seulement de constater le problème, mais d’y apporter des réponses concrètes.

 

Un plan d’action structuré pour lutter contre la violence chez les jeunes

 

Six groupes de travail se réuniront de février à mars pour établir un diagnostic précis et proposer des solutions adaptées. Chaque groupe, composé d’une dizaine de personnes, sera piloté par un animateur et un secrétaire chargé de la synthèse des échanges.

 

Les thèmes abordés sont les suivants :

 

Nécessités de la jeunesse : Comprendre les causes de la détresse des jeunes et analyser les dynamiques de bande.

 

Environnement social et culturel : Explorer l’impact du cadre de vie, de la culture et des activités sportives.

 

Rapport à l’autorité : Réfléchir à des sanctions efficaces et à des stratégies pour restaurer l’effet de dissuasion.

 

Accompagnement et insertion : Faire l’état des lieux des dispositifs existants pour favoriser l’emploi et l’engagement citoyen.

 

Santé et parentalité : Renforcer l’accompagnement des familles et lutter contre les addictions.

 

L’école : Améliorer la réussite scolaire, traiter le harcèlement et développer le bilinguisme.

 

À l’issue de cette phase, un plan d’action 2025-2027 sera rédigé, suivi d’une conférence de restitution en avril. Une charte des Assises sera signée entre les différents acteurs pour formaliser les engagements pris. Afin d’ancrer ces mesures dans le quotidien des jeunes, un programme d’interventions en milieu scolaire sera également mis en place. « Il est urgent d’agir vite et collectivement », a rappelé la sous-préfète Marie-Hildegarde Chauveau. _Vx

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