A l’instar des semaines précédentes, le président de la Collectivité, Daniel Gibbs s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les journalistes, lors du point presse hebdomadaire.
1) Pour relancer l’économie, la Collectivité de Saint-Martin souhaite que les bars et les restaurants puissent rouvrir dans un terme plus proche que dans l’hexagone où le gouvernement envisage une réouverture courant juin. Le Président Macron s’est dit favorable à votre souhait. Toutefois, faut-t-il attendre un décret du gouvernement permettant ces réouvertures prématurées sur notre territoire ?
Nous avons effectivement demandé au Président de la République l’autorisation de redémarrer au plus vite ce pan de notre économie. Il constitue une part importante du tissu économique local et il est urgent que ces entreprises, qui ont déjà subi la tripple sanction avec Irma et les mouvements sociaux de décembre, et maintenant le confinement COVID19, puissent reprendre leur activité.
Nous n’avons pas besoin d’un décret mais les mesures de déconfinement et les dates de réouverture doivent recevoir l’aval du Gouvernement et notamment du ministère de la Santé.
C’est la raison pour laquelle, nous travaillons avec les services de la Préfecture et les organisations socioprofessionnelles, sur un plan de déconfinement spécifique à ce secteur d’activités.
Sous réserve d’une situation sanitaire stable, la réouverture devrait pouvoir être effective dans le courant du mois de mai.
2) Pourquoi avoir choisi de rouvrir uniquement les classes de CP, CE1 et CM2 ? Que manque-t-il pour rouvrir les autres niveaux ?
C’est une question importante car de nombreux parents se la posent et il est normal que nous réexpliquions ce choix.
Le recteur Mostafa Fourar et ses services nous ont alertés sur l’enjeu pédagogique pour les écoliers de ces trois niveaux en particulier, car ce sont des classes charnières en matière d’apprentissage de la lecture, pour les CP et CE1, et de la préparation à l’entrée en 6ème pour le CM2.
Malgré la réelle difficulté à rouvrir les établissements selon des protocoles sanitaires très stricts qui demandent un déploiement de moyens importants, nous avons entendu cette urgence.
Nous avons donc décidé de répondre favorablement à la demande de l’éducation nationale, mais en limitant les classes concernées selon nos priorités et nos moyens.
Les conditions ne sont pas réunies pour rouvrir les classes de maternelles avant le mois de septembre. Le risque est trop grand pour cette tranche d’âge et les moyens ne sont pas tous garantis à ce stade.
Pour les collèges, nous discutons de la possibilité de rouvrir les classes de 6ème et 5ème.
3) Sur la réouverture des écoles, la préfète Sylvie Feucher a préalablement annoncé qu’elle ne délivrerait pas d’autorisation de franchir la frontière aux élèves qui habitent en partie hollandaise et qui sont scolarisés en partie française. Est-ce que le lien de la scolarité avec ces élèves sera préservé ?
Je pense que cette question, qui relève strictement de l’enseignement, devrait s’adresser aux services de l’Etat.
Toutefois, et nous y sommes attentifs afin d’assurer l’égalité des chances, le lien de la scolarité doit être préservé dans la mesure où ces élèves bénéficient de l’enseignement à distance depuis la mi-mars.
Les élèves concernés doivent pouvoir poursuivre les cours à distance dispensés par leur établissement, comme de nombreux élèves y sont assujettis depuis deux mois maintenant.
4) Le « filtrage » officiel de la frontière depuis plus d’un mois ne risque-t-il pas de créer un précédent inédit dans l’histoire de l’île ?
Oui, c’est une situation totalement inédite dans l’histoire de Saint-Martin, si l’on met de côté l’épisode post-Irma. Pour la première fois depuis la signature du Traité de Concorde entre le nord et le sud en 1648, la libre circulation des biens et des personnes est remise en cause sur notre île binationale.
Cette décision est exceptionnelle et à la mesure de la crise que nous traversons. Nous pouvons tous en comprendre le principe. Néanmoins, nous devons trouver une issue favorable pour celles et ceux qui ont besoin de circuler entre les deux parties de l’île.
Nous sommes tous très concernés par cette question qui fera d’ailleurs l’objet d’un débat demain en commission générale avec la totalité des conseillers territoriaux.
5) Le déconfinement est lancé, la baignade est maintenant autorisée. Pouvez-vous statuer sur les activités de plaisance et les sports nautiques, dans le respect des règles et des gestes barrières?
Sur ce point, les responsabilités sont partagées. La Collectivité a la responsabilité des plages. Nous avons décidé donc de levée une partie des restrictions, le 8 mai dernier, en autorisant la promenade sur la plage et la baignade.
Pour lever l’interdiction de la pratique commerciale des sports nautiques, nous devrons en discuter au préalable avec les services de l’Etat, ce qui est le cas actuellement. C’est une décision conjointe.
Pour ce qui est des activités nautiques individuelles non motorisées et non commerciales, après discussion ce week-end avec la Préfète sur le phasage du déconfinement, la collectivité modifiera son arrêté afin d’autoriser la pratique dans les tous prochains jours.
Quant à la navigation, c’est une compétence de l’Etat. Elle relève d’une décision du préfet de zone de défense, pour nous, le préfet de la Martinique.
6) Nous avons constaté depuis une semaine un large relâchement vis à vis des mesures de confinement, avant même la date du 11 mai.
Quelles conséquences pourraient découler de l’apparition, avérée depuis samedi, de nouveaux cas identifiés grâce aux tests PCR pratiqués dans les quartiers ?
Le gouvernement a été clair sur ce point, et nous le sommes aussi localement : le retour d’un trop grand nombre de cas positifs sur le territoire pourrait conduire à un nouveau confinement. C’est la raison pour laquelle, nous martelons un message de prudence à l’égard de nos concitoyens.
Le déconfinement ne signifie pas la fin de cette crise sanitaire, loin de là ! Le COVID19 n’a pas disparu, il est toujours présent à Saint-Martin. La découverte d’un cas positif il y a tout juste deux jours, révèle ô combien notre situation reste fragile.
Vous comprenez maintenant pourquoi nous avons insisté pour obtenir ces tests PCR à Saint-Martin. La Collectivité s’est fortement mobilisée car ce n’est que par cette méthode que nous pourrons avoir une idée plus précise du nombre de cas réels à Saint-Martin. Ces tests sont un moyen d’isoler les personnes malades mais aussi d’identifier les personnes contacts et de les tester.
Dans cette crise sanitaire en particulier, la prudence est la mère de toutes les vertus. Soyons prudents, restons vigilants car, je le répète, rien n’est joué.
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