Natif de l’île, Tadzio Bervoets, directeur de la Sint Maarten Nature Foundation, et vice-président de la Dutch Caribbean Nature Alliance, interpelle régulièrement le gouvernement de la partie hollandaise au sujet de la décharge où sont enfouis pêle-mêle tous les déchets de Sint Maarten. Il espère que la supervision par la banque mondiale des fonds alloués par les Pays Bas à la reconstruction permettra de faire de ce problème environnemental et sanitaire une priorité. Interview.
Depuis quand existe la décharge de Pond Island (Philipsburg) ?
« La première décharge était située près du chemin que l’on prend pour aller aux piscines naturelles de Sint Maarten depuis Pointe Blanche. Là où on voit encore de la ferraille. Au milieu des années 70, lorsqu’il a créé la petite île sur l’étang salé (Great Salt pond) pour avoir plus de terre, le gouvernement de l’époque a décidé d’y installer la décharge.
Mais ensuite l’île a connu un boom touristique. Les élus n’ont pas pensé que la localisation n’était pas adaptée : une terre humide, au milieu de la capitale de la partie hollandaise, et entourée d’habitations. Ils l’ont installée là, sans vraiment réfléchir au problème que ça pourrait devenir et que c’est justement devenu. D’emblée, elle a été mal gérée. Qui plus est, Sint Maarten n’a jamais vraiment excellé dans tout ce qui est gestion des marchés publics, etc. Les intérêts personnels entrent toujours en jeu.
Puis en 1995 il y a eu Luis. Tous les débris de l’île ont atterri à la décharge, augmentant la hauteur du morne artificiel. On a d’ailleurs commencé à l’appeler Mont Luis ».
Pourquoi brûle-t-elle constamment ?
« A partir de ce moment, plutôt que d’établir un plan réaliste qui aurait pu aboutir à des solutions, la décharge a été laissée là. Plusieurs fois, pendant des années, il y a eu des discussions pour la déplacer, la remplacer par autre chose. Mais rien n’a jamais été fait.
Les déchets sont devenus de plus en plus importants mais sans gestion efficace, ni démarche de tri.
Comme tout va au même endroit dans la décharge, les réactions chimiques causées par la décomposition de tous les déchets causent des combustions internes.
Ce dont les gens ne se rendent pas compte c’est que la décharge est toujours en train de brûler. Ceux qui sont chargés de la gérer ne laissent pas le méthane s’échapper et ne font rien pour empêcher ces combustions.
Donc dans un moment de sécheresse, ou lorsque le vent se lève, ou quand quelqu’un fait quelque chose de stupide comme de la soudure au-dessus de la poubelle, les flammes s’agrandissent à l’intérieur et le dessus prend feu. Voilà pourquoi il y a de gros nuages de fumée depuis une quinzaine d’années.
La situation est devenue hors de contrôle depuis Irma. Beaucoup de débris ont été apportés à la décharge. Lorsqu’elle est devenue problématique, ils les ont déplacés vers un deuxième site d’enfouissement : the Baby Dump, de l’autre côté de la route. La Baby Dump est concernée par les mêmes problèmes: mauvaise gestion, absence de tri…donc elle brûle elle aussi. De plus, les pneus sont stockés près des déchets. Quand la fumée est noire c’est généralement parce que les pneus sont aussi en train de brûler » (suite et fin de l’interview dans notre édition de demain).
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