Les premières passent le bac de français, l’écrit d’abord puis l’oral. Comme des milliers d’adolescents, Manon passe aussi les épreuves. A ceci près qu’elle habite à Saint-Barthélemy et qu’il n’y a pas de lycée sur son île.
Après le collège, beaucoup font le choix d’aller ou au Canada ou en métropole. Manon, qui est née aux Antilles, a décidé de prendre une chambre chez l’habitant à Saint-Martin. Étant assez peu scolaire, l’arrivée au lycée privé de sa nouvelle île a été assez dure. Au programme de l’oral : Baudelaire, Laclos ou Racine. Mais l’auteur préféré reste Hugo avec «Le dernier jour d’un condamné», qui dénonce la peine de mort : des enjeux concrets, un ancrage dans la vie réelle qui changent de la fiction et que Manon apprécie. Le parcours de STMG en gestion lui a donné des idées concrètes de métiers : travailler en laboratoire de cosmétique. Elle est dorénavant prête à quitter ses Antilles natales pour se former en métropole, mais dans le Sud, soleil oblige. Ce projet lui donne la motivation de s’accrocher, d’avoir un bon dossier en vue des futures inscriptions et d’être prête à montrer que les jeunes des Antilles ont des ambitions et du caractère car ses allers retours hebdomadaires en bateau lui ont aussi permis de grandir. Manon fréquente tous les milieux, n’a peur de rien et s’intéresse à une certaine âpreté du quotidien. A Saint-Martin, la pauvreté est plus visible et présente qu’à Saint-Barthélemy et son rapport à l’argent a changé. Cette maturité et ce sens de l’adaptation sont des points que les jeunes saint-martinois doivent valoriser. Leurs difficultés propres peuvent leur servir comme atouts dans leur orientation future. _HM
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