A Saint-Martin, les agents de la réserve naturelle marine fabriquent des récifs artificiels pour les poissons avec des matériaux récupérés après le passage d’Irma.
90 % des larves de poissons meurent faute de trouver un habitat. Pour les aider à survivre, l’une des solutions consiste à fabriquer des récifs artificiels où elles peuvent se réfugier. Une solution très efficace également pour faire face à la diminution des stocks de poissons et à la disparition des récifs coralliens dont les populations s’écroulent partout sur la planète.
Des matériaux issus d’Irma
En Outre-mer comme partout sur la planète, des projets de récifs artificiels se multiplient. A Saint-Martin, les agents de la réserve naturelle de l’île en ont fabriqué à partir de matériaux inertes récupérés après le passage du cyclone Irma. Pour choisir les matériaux les plus adaptés, la réserve a passé un accord avec la décharge de Grandes Cayes de Saint-Martin. Lustres, antennes, jantes en acier, grilles métalliques et morceaux de bétons ont été immergés et assemblés de façon à créer une architecture favorable à la faune marine. Ces abris permettent aux poissons et aux crustacés de se développer et sont également de nouveaux sites de plongée.
« Ces récifs fabriqués avec des matériaux inertes non polluant issus d’Irma sont le fruit d’une réflexion globale. Ce cyclone ne doit pas être qu’un événement ayant laissé des traces. En valorisant son passage, comme on le fait avec ces récifs artificiels, on amoindrit le coût qu’il a représenté pour notre île », précise Julien Chalifour responsable scientifique à la réserve de Saint-Martin.
Des récifs artificiels colonisés par plusieurs centaines de poissons
Les récifs sont tout à la fois des maisons et des garde-mangers pour la faune marine. Avant l’immersion de ces récifs artificiels, les agents de la réserve ont observé sur le site à peine 4 espèces et 7 individus. Un an plus tard, on y trouve 60 espèces et plus de 700 individus.
Parmi ces poissons, il y en a un très grand nombre qui sont ciblés par les pécheurs comme le mérou, une espèce qui bénéficie par ailleurs d’un programme Life ici à Saint-Martin. Ces récifs artificiels ont donc un potentiel pour la conservation mais aussi pour l’économie liée à la pêche et au tourisme
Ce programme, Bio Hab 2, est prévu sur deux sites de l’espace marin de la réserve naturelle de Saint-Martin : l’îlet Tintamarre et Anse Marcel. Très régulièrement, les agents de la réserve plongent pour y suivre le peuplement des poissons.
« Dès le début on a vu s’implanter de gros individus mais désormais, ce sont des alvins, c’est-à-dire de jeunes poissons qu’on trouve aujourd’hui, cela veut donc dire que ça marche ».
Un projet pilote avec des parpaings
En 2014, la réserve naturelle de Saint-Martin a déjà remporté un premier succès avec un projet pilote de récifs artificiels, Bio Hab 1. Des parpaings installés en pyramide ont permis à de nombreux poissons de se développer sur un site auparavant désert.
« On s’aperçoit qu’on ne peut pas limiter notre action à la conservation ou à la surveillance de nos espèces et de nos écosystèmes présents dans la réserve. Cela ne suffit plus car on doit faire face désormais à des impacts extérieurs sur lesquels on n’a aucune prise. Il faut donc être un peu plus innovant afin de préserver ces espèces et leur garantir un avenir », souligne Julien Chalifour (source Planète Outre-mer).
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