ENVIRONNEMENT : Les effets du changement climatique déjà visibles à Saint-Martin

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Hausse des températures, événements météorologiques extrêmes, montée des eaux… Face au changement climatique, les Outre-mer sont en première ligne. Les conséquences pour les populations et les écosystèmes locaux sont déjà observables aujourd’hui, et seront de plus en plus graves avec un niveau de réchauffement élevé.

La disparition des récifs coralliens

C’est le corollaire notamment de l’élévation progressive de la température des océans. Les phénomènes de blanchiment, signifiant la mort des animaux à l’origine du développement des barrières coralliennes, sont en augmentation à l’échelle mondiale et les caraïbes ne sont pas épargnées.

En septembre 2023, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a placé en alerte maximale les récifs coralliens (…) du nord des Antilles, pour «blanchissement sévère et risque de mortalité probable». (…) Une menace de mort pèse sur nos récifs coralliens !

Pour rappel, les récifs coralliens abritent 25% de la biodiversité marine ; sont à l’origine de la constitution de grandes quantités de sable ; forment une barrière naturelle face à la houle et aux vagues ; fournissent une large part, directement ou indirectement, de la ressource halieutique exploitée pour la consommation humaine ; bénéficie à la recherche et notamment médicale (traitement de certains cancers ou lutte contre le vieillissement).

La hausse du volume, de la fréquence et la fin de la saisonnalité des échouements de sargasses

Ces volumes de sargasses qui dérivent dans l’océan et s’échouent sur les côtes saint-martinoises sont eux aussi imputables aux effets combinés de la déforestation et de la surexploitation à des fins agricoles de larges espaces autour de grands fleuves tropicaux et de la hausse des températures des océans. Ces échouements ont un impact direct sur les écosystèmes côtiers et notamment sur les récifs coralliens et la mangrove, sur le trait de côte et des effets induits sur la santé publique lorsqu’elles ne sont pas collectées suffisamment rapidement.

La modification du régime des pluies

Saint-Martin, réputée « île sèche », c’est à dire sans ressource en eau douce libre (Cours d’eau et lacs), vit déjà des conditions de sécheresse récurrentes, pénalisant les possibilités de développement agricole et interdisant cette ressource dans le nécessaire accès des populations à l’eau potable. Le changement climatique va induire et induit déjà une modification profonde du régime des pluies avec un bilan hydrique annuel à la baisse. Pour autant cette modification du régime des pluies semble laisser entrevoir des pluies moins violentes mais plus longues avec les effets induits quant à la capacité d’absorption des sols, au développement de phénomènes de ravinement, ruissellements conséquences aussi de l’artificialisation des sols. En ce sens, un bilan hydrique annuel à la baisse n’est pas incompatible avec une augmentation potentielle des phénomènes d’inondation, en témoignent les épisodes vécus en octobre 2023 en Guadeloupe comme à Saint-Martin. A titre de comparaison en 2022,  Août a été le mois de cumul de pluies le plus élevé de l’année avec 135 mm sur 14 jours. 2023, Octobre a été le mois de cumul de pluie le plus élevé de l’année avec 348 mm sur 19 jours !

L’augmentation des températures et de la fréquence des pics de chaleur

Les tendances pour ce qui concerne l’évolution des températures n’échapperont pas au phénomène mondial de réchauffement. En ce sens, d’ici 2055, une hausse de +1,6 à 2,4°C est attendue selon les scénarii et de +2,5 à 3,5°C d’ici 2080 à l’échelle des Caraïbes, loin des objectifs qui permettraient de réduire ou de contenir les effets induits pas le changement climatique.

L’augmentation en fréquence et en intensité des phénomènes de « brumes de sable »

Ce phénomène météorologique est récurrent à Saint-Martin. Ces brumes se forment au dessus du Sahara durant le printemps sous l’influence de vents chauds soulevant alors de grandes quantités de poussières du désert qui traversent l’Atlantique. L’augmentation de la fréquence de ce phénomène est constaté et imputable à la fois à l’accroissement des pratiques agricoles et au changement climatique. Les brumes du Sahara sont inquiétantes pour la santé humaine puisqu’elles sont porteuses de particules fines qui dégradent la qualité de l’air et peuvent engendrer des problèmes respiratoires.

 

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