Saint-Martin, longtemps marquée par un recul démographique, amorce un début de stabilisation. Au 1er janvier 2022, l’île compte 31496 habitants, contre 35746 en 2016, marquant une baisse de 12 % en six ans. Toutefois, l’année 2021 signe un tournant, avec une légère reprise de +0,1 % sur un an.
Selon l’Institut Territorial de la Statistique et des Études Économiques (ITSEE) qui dévoilait mercredi dernier le nouveau chiffre de la population saint-martinoise, ce déclin s’explique principalement par un solde migratoire négatif : depuis 2015, le nombre de sorties du territoire dépasse les entrées. En 2021, 1145 départs ont été enregistrés contre seulement 886 arrivées, creusant un solde migratoire de -249. Cette tendance, cumulée sur six ans, traduit un véritable exode, en particulier des jeunes actifs et des familles. Plus de 36 % des résidents ont quitté l’île depuis 2016. Parallèlement, le solde naturel (différence entre naissances et décès) reste positif, mais s’amenuise. Entre 2015 et 2021, les naissances ont chuté de 654 à 493 (-24 %), tandis que le nombre moyen de décès demeure stable (158 par an).
La structure par tranche d’âge illustre un vieillissement de la population. Entre 2015 et 2021, la part des 0-24 ans et des 25-54 ans a diminué, tandis que celle des 55 ans et plus a progressé de 20 %. Ce phénomène, similaire à celui observé en Guadeloupe et Martinique, reflète une dynamique démographique préoccupante.
Le logement
L’impact sur l’habitat est notable. En 2021, Saint-Martin comptait 17001 logements, en recul de 1 % sur un an et de 4 % sur six ans. Les résidences principales (12 729) ont diminué de 7 % sur la même période, alors que les logements vacants augmentent (2512 en 2021). À Marigot, autrefois animé, le parc vacant s’étend, conséquence d’une faible attractivité due à l’insécurité, un manque d’activités et des contraintes légales pour les propriétaires. Les efforts doivent donc se concentrer sur la revitalisation du centre-ville pour briser le schéma.
Enfin, l’évolution du niveau de diplôme témoigne d’une mutation sociale. Les jeunes générations sont plus diplômées (11 % au niveau supérieur), tandis que 62 % des 55 ans et plus restent sans diplôme. Malgré une embellie dans certains secteurs comme la construction, d’autres activités clés telles que l’hôtellerie et la restauration affichent un recul de -10 % depuis 2014, accentuant les difficultés économiques.
Face à ces défis, la stabilisation récente offre une opportunité. La mise en œuvre d’une politique volontariste en faveur de l’habitat, de l’attractivité économique et du maintien des jeunes résidents sera déterminante pour l’avenir démographique et économique de Saint-Martin. Des recensements annuels partiels sondent 8 % des logements chaque année, suivant un cycle de 5 ans pour établir la population totale. _Vx
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