Les catastrophes qu’elles soient naturelles ou technologiques, c’est leur lieu de travail. Les militaires de la sécurité civile française sont envoyés à travers le monde pour assister les populations sinistrées. Ils sont par exemple allés ces dernières années en Haïti en 2010 (séisme) et en 2016 après le passage de Matthew, en Equateur et au Népal après des séismes. Être aux côtés des personnes en détresse ayant tout perdu dans un environnement détruit, ils ont l’habitude. Donc venir à Saint-Martin était une mission comme une autre. Pourtant, ils vont se retrouver dans une situation extraordinaire, voire unique.
«La situation est hors norme», confie le lieutenant colonel Christophe (le nom de famille ne peut être mentionné dans les médias). Avec ses collègues, il a été confronté à un «réel défi logistique», celui de restructurer leur organisation et leur centre opérationnel. «La préfecture a été détruite. Tous les services de l’Etat ont été déstructurés», commente-t-il. En quelques heures, il faut tout reconfigurer.
Bien sûr l’expérience des militaires fait qu’ils sont capables d’agir rapidement. «Être et durer», telle est leur devise. «Entraînements difficiles, guerres faciles», disent-ils.
Dès qu’Irma s’éloigne, le commandant Guillaume qui se trouve en préfecture, tente d’appeler Paris avec son téléphone satellite mais il ne fonctionne pas. Le groupe de la préfecture se rend au centre opérationnel basé à la caserne de gendarmerie à La Savane.
Là aussi, le capitaine Joël est dans une situation compliquée. Il est sans nouvelle de ses collègues en préfecture et du détachement à Saint-Barthélemy. Il essaie aussi de joindre Paris mais en vain. «Je réussis à allumer ma valise et c’est en fait Paris qui me parvient à me joindre en premier», raconte-t-il. Il est aux alentours de 11 heures le mercredi. «Je fais alors état de la situation avec la cellule interministérielle de crise. Je parle au ministre de l’Intérieur, c’est la première fois que je me retrouve à parler directement à la cellule, au ministre !», confie le commandant. En effet, en principe, il doit faire remonter ses informations auprès des autorités locales, c’est-à-dire auprès de la préfète qui fait le point avec le ministre. Mais celle-ci a vu son bureau souffler par Irma. Le commandant ne cache pas une certaine émotion lorsqu’il l’a vue arriver au COD de la Savane avec ses collègues.
«La phase de logistique est importante, le territoire est dévasté», confie le lieutenant colonel Christophe. Les premiers renforts sont déjà en route et arriveront dès jeudi matin.
180 militaires et 60 sapeurs-pompiers seront sur le terrain tous les jours durant trois semaines. «À Quartier, tout le monde me connaît ! », confie le capitaine Joël appelé « chef ». «Ce soir [vendredi dernier], il y a un barbecue ! On fait un barbecue là-bas. Ça va être sympa », poursuit-il. Mais sa plus grande fierté est certainement d’avoir pu aider à la remise en état des écoles à Quartier. «Lundi, l’école reprend et ça, c’est super. C’est vraiment chouette de pouvoir se dire que les enfants vont pouvoir retourner à l’école», estime-t-il.
Source : www.soualigapost.com
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