Le fondateur de Free, Xavier Niel, co-actionnaire du Monde et propriétaire de Nice-Matin, promet la « reprise d’un nombre significatif de salariés » et le « maintien de l’activité papier ».
Vingt jours après la liquidation de France-Antilles et la disparition du seul quotidien de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane, le tribunal de commerce de Fort-de-France (Martinique) a validé une poursuite de l’activité jusqu’au 10 mars, répondant à une requête formulée en urgence lundi par le procureur de la République. L’objectif est de pouvoir permettre au fondateur de Free, Xavier Niel, co-actionnaire du Monde qui vient de racheter le journal Nice-Matin , de faire une offre.
L’homme d’affaires a rédigé une « lettre d’intention » à l’adresse du procureur de la République de Martinique, Renaud Gaudeul, justifiant selon le procureur cette procédure « exceptionnelle » d’une poursuite d’activité plusieurs semaines après la fermeture de l’entreprise
France-Antilles avait normalement été liquidé sans poursuite d’activité le 30 janvier. Mais les 235 salariés n’ont toujours pas reçu leur lettre de licenciement, ce qui signifie qu’ils sont toujours pour l’instant salariés du groupe, même s’ils ne travaillent pas. Le journal a cessé de paraître depuis le 1er février.
« C’est un enjeu de la vie publique : le maintien de la presse quotidienne et de ses nombreux emplois (235) sur les territoires qui justifie la réouverture de ce dossier », a expliqué à l’audience le représentant du parquet, évoquant un repreneur « crédible ».
La décision du tribunal prévoit la suspension des procédures de licenciement, le maintien de l’administrateur judiciaire et la diffusion d’un appel d’offres sur un journal national. Cet appel d’offres court jusqu’au 2 mars à 15 h. Toutes les offres, s’il y en a, seront ensuite examinées le 10 mars à 14 h au tribunal de commerce.
Pas de France-Antilles pour autant en kiosque mercredi. « Il y a plein de contrats qui ont été suspendus, des commandes qui ont été arrêtées, il n’y a plus de papier. Donc on va être payés avec l’argent qui reste dans la trésorerie », a expliqué le représentant des salariés de Martinique Rodolphe Lamy. Selon l’administrateur judiciaire, il y a de quoi payer les salaires jusqu’au 10 mars.
Pour Rodolphe Lamy, « c’est une lueur d’espoir surtout quand on connaît la réputation de Xavier Niel. J’imagine que s’il se positionne hors délais, on espère qu’il y a quelque chose de sérieux ».
Reste un problème qui s’était déjà posé lors du précédent appel d’offres : celui du patrimoine immobilier de France-Antilles. Les actifs du groupe avaient tous été transférés en 2017 à son actionnaire majoritaire d’alors, AJR Participations (société d’Aude Jacques-Ruettard, petite-fille du patron de presse Robert Hersant).
Pour tout repreneur, il faudra forcément déménager les bureaux et les imprimeries (une opération qui coûterait en moyenne un million d’euros) ou payer un loyer à AJR pour occuper les anciens locaux. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les candidats avaient retiré leurs offres lors du premier appel d’offres.
Créé en mars 1964, France-Antilles, ancienne filiale du groupe Hersant, était en redressement judiciaire depuis le 25 juin 2019. AJR Participations avait notamment fait une offre de reprise, prévoyant de ne conserver que 125 postes sur les 235, mais n’avait pas réussi à finaliser son plan de financement.
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