Au lendemain d’Irma, on estimait à 5000 le nombre de véhicules hors d’usage (VHU) qu’il allait d’abord falloir expertiser – pour ceux assurés tous risques – puis enlever et transporter à l’écosite, en charge de la dépollution de ces épaves.
Et c’était sans compter les carcasses abandonnées ici et là depuis des années. Dès le lendemain d’Irma, le président de la Collectivité Daniel Gibbs et son équipe ont mis un point d’honneur à mettre en place un dispositif gratuit de ramassage, afin de nettoyer notre territoire touristique de cette pollution visuelle.
Ce travail – colossal ! – est assuré d’une part par les assureurs s’occupant eux-mêmes des véhicules de leurs clients, d’autre part par les garages, les gendarmes, les personnes privées soucieuses de respecter la réglementation, mais également par la Collectivité, par le biais du service de l’Environnement et du Cadre de Vie, qui ramasse les épaves abandonnées sur la voie publique et ils sont toujours plus nombreux. Aujourd’hui, presqu’un an après le passage du cyclone, on continue de voir le spectacle désolant de carcasses abandonnées le long des routes. Pourquoi ? Tout simplement parce que la dépollution des véhicules est une obligation légale avant leur broyage et leur transport vers un site agréé de recyclage. Or, ce travail prend du temps et l’écosite ne peut dépolluer que 40 à 50 véhicules par jour, malgré un renforcement des équipes.
Le domaine privé reste privé
Mais aussi parce que la Collectivité n’a pas légalement le droit d’intervenir sur le domaine privé, notamment dans les résidences collectives, au grand dam des syndics et des voisins. “On ne peut pas enlever une voiture sans être certain que le propriétaire soit d’accord,” nous dit Steven Patrick, vice-président en charge du pôle développement durable. Il est donc impératif pour faire enlever un véhicule sur le domaine privé de se rendre au service de l’environnement situé dans les locaux de l’ancien hôpital avec la carte grise, de signer une décharge et de demander l’enlèvement. Exception : lorsque le véhicule est réduit à l’état de carcasse, la collectivité peut intervenir, mais accompagnée de la police territoriale, qui constate les faits. Sur le domaine public, l’abandon du véhicule est constaté, une croix rouge est peinte sur la carrosserie et une fiche est créée pour chaque voiture, au cas où le propriétaire finisse par se faire connaître. Cette fiche est envoyée à l’un des deux prestataires chargés de transporter les épaves à l’écosite. La dépollution de ces VHU a lieu à l’écosite, de la façon prévue par les normes européennes.
Il y a épave et épave…
Deux cas se présentent. Soit le véhicule est une épave économique récente sur laquelle on peut récupérer des pièces de rechange et des éléments vendables localement, et ce tri manuel ne permet de traiter que 5 à 7 véhicules par jour. Les carcasses vides sont ensuite aplaties et partent en containers vers des sites de recyclage, dont un site à Taiwan. Soit l’épave est ancienne et en mauvais état et passe alors dans un atelier de dépollution automatique où le tri se fait mécaniquement, à raison de 6 à 8 VHU par heure. Tous les métaux sont triés et l’acier broyé. Cet atelier qualifié ISO 14001 – l’équivalent d’un trois étoiles Michelin – bénéficie d’un certificat international et fait l’objet de contrôles réguliers, dans un objectif de respect de l’environnement. Dans tous les cas, les employés commencent par faire exploser les airbags, retirent les batteries, recyclés à part, puis vident tous les liquides. Aujourd’hui, la priorité de l’écosite est de traiter les tôles stockées sur place, afin de libérer de la surface pour les VHU, qui finiront peu à peu par tous quitter l’île.
Le ramassage des VHU en chiffres
1959 VHU ont été déposés à l’écosite entre octobre 2017 et le 30 juin 2018 :
754 par la Collectivité – 123 par les garages – 20 par des particuliers
885 par les compagnies d’assurance – 41 par la gendarmerie
136 par d’autres moyens – 1085 de ces véhicules hors d’usage ont été dépollués et détruits au 30 juin 2018, un travail colossal réalisé par les pouvoirs publics sur une période de 10 mois.
Dans ce domaine, comme dans celui du nettoyage, chacun doit prendre sa part et apporter sa pierre à l’édifice, en évitant notamment d’abandonner une épave sur le domaine public et en demandant leur enlèvement au 0590 52 27 30 – Service Environnement et Cadre de vie de la collectivité.
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