Portrait : Epicerie de la Marina Royale : d’Homs à Marigot

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Avant, Ibrahim Shadi était avocat. Avant que la guerre ne ravage son pays, la Syrie. Avec sa femme, il quitte Homs et passe au Liban au printemps 2015. Ils entament un long périple en avion vers le Brésil, « l’un des rares pays de l’Ouest qui accepte de délivrer des visas touristes aux détenteurs d’un passeport syrien». Le couple, chrétien, a de la famille à Sao Paulo et y reste environ un mois puis part à la Dominique. Mais quelques semaines plus tard, la tempête tropicale Erika frappe l’île.

« Tout était détruit. Il n’y avait même pas de vols. Alors on a pris un bateau pour la Guadeloupe » se souvient Ibrahim. De là, ils prennent l’avion pour Saint-Martin, car son frère, qui a la nationalité américaine, vit côté hollandais et peut les héberger. « Au début, c’est lui qui nous a entretenus comme nous n’avions pas d’argent » confie Ibrahim qui a depuis obtenu le statut de réfugié. Il ne peut exercer le métier d’avocat car son diplôme n’est pas valable en France et son niveau de français est insuffisant pour passer une équivalence. Un an après son arrivée, Ibrahim trouve un travail dans une épicerie de la rue de Hollande. Il a appris l’anglais à l’école mais au début son niveau est un peu faible. Depuis, il parle couramment. Il rêve d’ouvrir son propre business. Il passe son permis de conduire, fait toutes les démarches administratives, aidé par son frère. Puis vient Irma, qu’il qualifie de « désastre », même si on comprend que c’est moins dur que la guerre. Il quitte son emploi de salarié après Irma et décide mi-février d’ouvrir sa propre épicerie à la marina royale, sur la rue Low Town. « J’ai voulu partir à l’aventure. La zone était morte. Je me suis dit qu’il y avait une route principale, un arrêt de bus, un immeuble au-dessus et que ça pouvait marcher. » déclare Ibrahim. Au début il était un peu seul, car après le cyclone beaucoup de commerces ont fermé. Mais depuis une dizaine de boutiques et de restaurants ont ouvert. Ibrahim apprécie la liberté que lui permet son nouveau métier. « J’aime être mon propre patron. Et de toute façon, je n’avais pas beaucoup d’autres solutions ».

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