Trois semaines après l’ouragan Irma, les habitants sont confrontés à une grave pénurie d’eau potable. L’usine de dessalement dont ils dépendent ne tourne qu’au tiers de ses capacités.
Pour certains quartiers, les plus peuplés de surcroît, l’électricité n’est toujours pas rétablie non plus. A mesure que le temps passe, les conditions sanitaires deviennent difficiles.
De difficiles, elles deviennent déplorables, surtout à Sandy-Ground et Quartier d’Orléans. Malgré les distributions d’eau minérale, certaines familles ont toutes les peines du monde à s’approvisionner. Solidarité oblige, les foyers se dépannent au gré des besoins. Mais la plupart ne peuvent toujours ni se laver, ni cuisiner, ni faire leurs besoins. Un enfer avec des enfants en bas âge.
Au quotidien, les équipes techniques, renforcées par des ouvriers locaux, travaillent d’arrache-pied. Mais les autorités sont incapables de donner une date certaine de réparation.
Sur l’île, la légitime impatience laisse place à l’irritation. «On n’en peut plus, peste une habitante de Sandy-Ground. On a détruit le socle d’une fontaine pour puiser l’eau dessous mais elle est sale et trouble. Quand on se lave avec, on pue.»
2 700 m3 d’eau par jour…
Il faut dire que la partie française de Saint-Martin est une bizarrerie géologique. Parsemée de monts brûlés par le sel et le soleil, elle ne dispose que de nappes phréatiques aujourd’hui saumâtres. Du coup, les foyers dépendent à 100% d’une usine de dessalement d’eau de mer, largement détruite par Irma.
Signe que l’enjeu autour de l’eau devient primordial, la centrale est farouchement gardée par des contingents de la Légion étrangère.
Sur les trois modules permettant de filtrer, puis de reminéraliser l’eau de mer, seul un a pu être réactivé. Les deux autres sont ensevelis sous des blocs de béton éboulés. L’unique turbine produit quotidiennement 2700 m3 d’eau, alors que la consommation quotidienne de Saint-Martin avoisine les 6500 m3.
Dans certaines rues, l’urgence est telle que les autorités font face à des dégradations. A chaque fois que l’eau est envoyée dans le réseau, des habitants se ruent sur les canalisations, les brisent et ponctionnent directement des dizaines de litres d’eau.
Si la situation devait s’éterniser, certains médecins pointent le risque d’épidémies. L’abondance de déjections et l’absence d’eau pour se rincer les mains encouragent en effet le développement de bactéries.
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