Si le bilan officiel est de 11 morts, la rumeur a fait état de milliers de victimes.
Une équipe de scientifiques dans le cadre du programme ANR TIREX s’est penchée sur la rumeur après le passage de l’ouragan Irma, précisément sur celle liée au nombre de morts. Annabelle Moatty, Delphine Grancher, Clément Virmoux et Julien Cavero ont notamment cherché à comprendre comment la rumeur est née, s’est propagée et surtout a persisté dans le temps malgré les démentis des autorités. Ils sont venus à deux reprises à Saint-Martin – en novembre 2017 et en novembre 2018 – et se sont entretenus avec une soixantaine de personnes. Ils ont publié leurs travaux dans un article sur Geocarrefour.
Raisons qui expliquent le bilan humain de 11 morts
A Saint-Martin, le bilan humain officiel est de onze morts. «Face à l’importance des dommages, le nombre de victimes peut paraître relativement faible mais peut s’expliquer par différents facteurs», admettent les scientifiques. Ces derniers évoquent notamment la politique de prévention et la préparation au passage de l’événement, qui ont fait que les gens ont su se protéger.
«Dans les entretiens menés lors des deux missions de terrain, les personnes enquêtées affirment toutes avoir fait des réserves d’eau et de nourriture, pris des mesures de protection de leur logement et, pour certains, avoir évacué chez des proches pour être plus en sécurité », relatent-ils. «Il ressort de nos enquêtes que la cinétique de l’ouragan a permis à certains de changer de refuge pendant le passage de l’œil et que les durées de submersion ont la plupart du temps été suffisamment courtes pour pouvoir y survivre», ajoutent-ils.
De plus, ils estiment que «le niveau de développement du territoire explique également ce bilan. En effet, l’accès aux services de santé a été maintenu, des moyens humains ont été déployés pour renforcer les actions de mise en sécurité des personnes et des biens». Bien que sinistré, l’hôpital a toujours été opérationnel et les blessés en urgence absolue ont rapidement été évacués vers la Guadeloupe et la Martinique en avion ou par les bateaux des douanes. L’accès aux médicaments a aussi toujours été possible grâce aux dispensaires de la Croix Rouge. Ce qui, en revanche, n’a pas été le cas à Porto Rico où le nombre de morts indirects a été très élevé après Maria (suite dans notre prochaine édition).
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