A l’occasion d’une série de portraits de commerçants qui ont relevé le défi de s’installer ou de revenir à Marigot, rencontre avec Ginette qui a ouvert son restaurant en avril dernier, du côté de la Marina Royale.
«Je devais ouvrir mon restaurant avant Irma. J’avais fait les travaux et suis partie en vacances le 31 août 2017. J’ai découvert les dégâts à la télé et j’ai pleuré» se remémore Jeannette Lewis qui précise par ailleurs : « en fait, mon prénom, c’est Ginette mais ils ont fait une erreur au registre à la Dominique».
Celle qu’on surnomme « Ginette la fofolle » a finalement ouvert l’établissement « Chez Ginette » en avril 2018. Elle dit avoir cherché partout avant de choisir un local à Marigot, rapportant qu’ailleurs les prix des loyers sont trop élevés. C’est donc à la Marina Royale, au rez-de-chaussée de la résidence La Frégate (côté cimetière) qu’elle a élu domicile.
Un emplacement qu’elle chérit malgré tout. « Je suis arrivée de la Dominique à 19 ans, tout ce que j’ai vécu et obtenu à Saint-Martin, c’était à la Marina » confie-t-elle.
Le local était inoccupé depuis dix ans. Elle l’a loué en l’état, et a fait les travaux elle-même. Il a fallu notamment installer des toilettes, la climatisation… « Quand mon frère qui est venu m’aider a vu l’état du local il m’a demandé : « mais qu’est-ce que tu vas faire avec cette poubelle ? « Je lui ai répondu : « t’inquiète, je vais en faire quelque chose ». Sans tous ses efforts passés dans les travaux, elle ne serait peut-être pas revenue à Saint-Martin après Irma.
Ginette est nostalgique du Marigot d’antan. Celui des boutiques de luxe et des boîtes de nuit. « Avant Marigot ça vivait, mais aujourd’hui on dirait un dortoir » déplore-t-elle. « Ça me ferait plaisir de voir Marigot revivre mais il faut beaucoup de patience car ça va prendre du temps».
Avant elle faisait des défilés de mode dans les boîtes de nuit, puis a travaillé comme vendeuse sur la marina royale, dans une boutique de vêtements de marques italiennes haut de gamme. Mais en 2006 sa patronne a mis la clé sous la porte. Luis, mais aussi l’arrivée de l’euro, ont contribué selon elle au déclin de la partie française. « Les touristes américains en ont eu marre de payer 35% plus cher côté français » avance-t-elle pour expliquer le déclin de la partie française. Elle part pendant dix ans en Guadeloupe où elle tient un restaurant de plage à Bouillante. Puis elle revient à Saint-Martin en juillet 2016 avec le projet d’ouvrir un restaurant.
« Plutôt calme », voilà comment elle définit son activité en ce moment. « Je ne regrette pas, ça va être dur mais ça va venir. Je vois que tout le monde commence à ouvrir et ça fait du bien ».
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