SPECTACLE : Seconde édition de « Lights on : Freedom Fighters »

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Le week-end dernier, plusieurs représentations théâtrales se sont tenues au nouveau kiosque d’information de l’Office de Tourisme sur le front de mer à Marigot dans le cadre du projet « Lumières sur : les combattants de la Liberté ». L’histoire de George Daniel, le Robin des Bois empoisonneur, y fut retracée.

Dans la foulée de la 174ème commémoration de l’abolition de l’esclavage à Saint Martin, l’Office du Tourisme et Stéphie Gumbs ont lancé « Lights on : Freedom Fighters », un concept artistique et culturel gratuit proposant des représentations théâtrales agrémentées d’une expérience son et lumières (art visuel par Nozin Prod) qui racontent l’histoire de personnages emblématiques locaux, acteurs de la résistance au temps de l’esclavage, spectacle joué en français et en anglais saint-martinois. La vie de One Tété Lohkay fut contée lors de la première édition fin mai, c’était au tour de George Daniel d’être mis en lumière. Victor Schoelcher écrivait dans l’ouvrage « Des colonies françaises : abolition immédiate de l’esclavage » datant de 1842 : Le poison est à l’esclave ce que le fouet est au maître, une force morale. Si le maître a droit de battre, l’esclave a le droit d’empoisonner… Le poison n’existe que dans des pays d’esclavage… Le poison disparaîtra en même temps que l’esclavage. George Daniel, esclave à Quartier d’Orléans, tombe malade le 31 juillet 1842. Il confesse alors une série de crimes d’empoisonnements pour lesquels il a soit préparé, soit administré le poison. Dans un rapport publié par les autorités françaises en 1844, le juge de paix a constaté une certaine agitation dans Quartier d’Orléans suite aux aveux de George Daniel. Les archives juridiques et coloniales révèlent d’ailleurs que les autorités et les maîtres d’esclaves français craignaient particulièrement la pratique de l’empoisonnement par les personnes esclavisées. Les ingrédients utilisés pour empoisonner étaient accessibles et attribués aux personnes noires, pour être utilisés comme outil d’émancipation personnelle et collective. George Daniel l’avait bien compris et sa forme de résistance et de lutte contre l’esclavage s’est traduite par cette pratique illégale. Bien que ses victimes et ses motivations restent inconnues, George Daniel rouvre le débat de la morale, du bien et du mal. Et la deuxième édition de « Lights on : Freedom Fighters » a réussi à le retranscrire avec respect, pédagogie et talent. George Daniel fut un personnage complexe apolitique mettant à l’épreuve sa conscience dans des circonstances extrêmes, résistant à sa façon, à son échelle et avec ses connaissances d’herboriste pour lutter contre le fléau de l’esclavagisme. Le spectacle proposé le weekend dernier ne posait aucun jugement, il mettait en lumière le parcours atypique d’un homme luttant pour sa vie. _Vx

Prochaines représentations : du vendredi 29 au dimanche 31 juillet avec l’histoire de Auguste-François Perrinon.

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