Un jeune homme de 24 ans a été condamné vendredi dernier par le tribunal de proximité de Saint-Martin à deux ans de prison ferme pour avoir délibérément foncé et percuté un gendarme en poste à Sandy Ground lors d’une opération anti-fraude.
Le prévenu, J. B., né à Saint-Martin, a été jugé vendredi matin à 9 heures en comparution immédiate pour violence sur un militaire de la gendarmerie nationale suivie d’incapacité supérieure à 8 jours (120 jours, ndlr) aggravée par une circonstance, circulation avec un véhicule terrestre à moteur sans assurance, délit de fuite après un accident par conducteur de véhicule terrestre et mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence.
L’individu arrive au tribunal menotté et sous escorte. L’affaire est grave. De nombreux camarades de la victime, un adjudant de gendarmerie mobile, âgé de 33 ans, marié et père d’un jeune enfant, sont présents dans la salle d’audience. Tous sont encore marqués profondément par la scène traumatisante qu’ils ont vécue ce fameux mardi 5 décembre à Sandy Ground. Il est aux alentours de 20h15. Un important dispositif de gendarmerie est mis en place dans le cadre d’une opération CODAF (Comités opérationnels départementaux anti-fraude) dans un débit de boissons. Une déviation est alors installée juste après le pont pour faciliter le travail des enquêteurs.
« J’ai cru à un braquage »
Malgré cette interdiction de circuler, le pilote d’un scooter emprunte la voie publique et fonce délibérément sur un gendarme pour forcer le passage. Les vidéos projetées par le Procureur de la République lors de l’audience parlent d’elles-mêmes tant le choc est d’une extrême violence.
Interrogée par la présidente du tribunal, Françoise Mariaux, le prévenu évoque une version des faits pour le moins surprenante. « J’ai vu au loin des hommes vêtus de noir. J’ai cru à un braquage », dit-il. Ces explications sont loin de convaincre la présidente. Cette dernière fait remarquer au prévenu que la voie publique était bien éclairée et que le gendarme disposait d’un flash fluorescent pour signaler sa présence sur la route. Qu’importe, le pilote file tout droit et percute de plein fouet le militaire à une vitesse estimée entre 50 et 60km/h.
Direction la prison
Lors du choc, le pilote du deux-roues chute à terre et prend aussitôt la fuite à pied tandis que le militaire, grièvement blessé, est pris en charge par ses camarades avant l’arrivée des pompiers et du SMUR. Un autre gendarme sort son arme de service et tente d’interpeller l’individu. Une course-poursuite s’engage alors mais l’auteur de l’accident arrive à s’échapper dans une ruelle sombre. A défaut de mettre la main dessus, le gendarme retrouve par terre son téléphone. Ce qui permet d’identifier rapidement le chauffard. Pendant ce temps, J.B. rejoint son domicile à Friar’s Bay en scooter grâce à ses « connaissances » sur Sandy Ground. Ce n’est finalement que le lendemain matin des faits qu’il se présente de lui-même à la gendarmerie de la Savane. Placé en garde à vue, il indique aux enquêteurs de n’avoir pas voulu faire de mal au gendarme. Une version qui ne convainc guère non plus les juges.
Le tribunal suit les réquisitions du ministère public et condamne J. B. de l’intégralité des faits qui lui sont reprochés. Il écope de deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt et la confiscation de son scooter. La fixation des indemnités sur intérêts civils est prévue le 16 avril 2024 (le gendarme demande la somme de 100 000 euros à titre de dommages et intérêts en raison de la gravité de ses blessures et ses conséquences dans la suite de sa carrière professionnelle, ndlr).
Victime de quatre fractures ouvertes du tibia, le gendarme, B.S. a dû subir une opération chirurgicale de toute urgence le soir même de l’accident. Il doit être rapatrié en Métropole dans les prochains jours pour d’autres interventions chirurgicales. _AF
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