Dans le cadre de sa mission ministérielle dédiée à l’autonomie et au handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq s’est rendue à Saint-Martin mardi dernier pour une visite marquée par la proximité avec les acteurs de terrain et une volonté affirmée de co-construction.
CAMSP/SAMSAH de Coralita
Sa première étape s’est déroulée au siège du CAMSP (Centre d’Action Médico-Social Précoce) et du SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés), gérés par l’association Coralita, dans leurs nouveaux locaux à Saint-James. À travers une visite guidée par le directeur Rudy Sejor, la ministre a pu constater les besoins concrets du territoire, notamment en matière de logements adaptés pour les professionnels de santé, dont le recrutement reste un défi majeur. Ce moment a permis de poser les bases d’un dialogue renforcé entre l’État, la Collectivité et l’Agence régionale de santé (ARS). « Deux grandes questions sont au cœur de cette visite : le handicap et le grand âge », a-t-elle souligné, avant de rappeler que cette démarche s’inscrit dans « un contexte où le président Emmanuel Macron a demandé de bâtir de nouvelles réponses pour les personnes en situation de handicap à l’échelle nationale ». Elle a également insisté sur la nécessité de « changer le regard des autres pour que le handicap ne soit plus un tabou », « sceller des conventions territoriales solides pour rattraper le retard structurel en Outre-mer » et s’adapter aux spécificités d’une « double insularité ».
SESSAD à Marigot
La ministre a poursuivi sa visite au SESSAD (service d’éducation spécialisée et de soins à domicile) implanté à Marigot depuis 7 ans, et qui accompagne aujourd’hui 57 enfants en situation de handicap (50 à Saint-Martin, 7 à Saint-Barthélemy). Les actions d’accompagnement et d’inclusion scolaire via l’unité d’enseignement de l’équipe pluridisciplinaire ainsi que les solutions innovantes de la direction pour faire venir et surtout garder les professionnels du secteur ont été saluées par Charlotte Parmentier-Lecocq.
Inauguration de l’IME
Point d’orgue de la visite : l’inauguration officielle de l’Institut Médico-Éducatif (IME) à Concordia. Ce projet, porté par Ove Caraïbes et l’association Tournesol, marque une étape majeure pour l’offre médico-sociale à Saint-Martin. La ministre a vivement félicité la concrétisation du projet qu’elle qualifie d’indispensable : « Il va permettre à chaque enfant en situation de handicap de devenir un citoyen de la société et de réaliser ses rêves ». Marquée par cette visite guidée en compagnie des enfants bénéficiares de l’IME, elle déclarait : « Je suis venue ici parce qu’il est important pour moi de bien comprendre ce qui se passe à Saint-Martin, de quoi ont besoin les familles, comment accompagner au mieux les enfants et les adultes en situation de handicap, afin d’apporter des réponses partout sur le territoire au travers du grand dispositif des 50.000 solutions promis par le président Macron ».
Lors de son discours, le 4e vice-président de la Collectivité, Michel Petit, a rappelé l’importance de cette réalisation, tout en soulignant les défis à venir : « Notre première grande priorité est de pouvoir concrétiser notre projet de Pôle médico-social de Saint-Martin en lien avec les autorités de Santé ». Structure qui accueillera entre autres un EHPAD de 64 places avec 6 places d’accueil de jour pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, et une résidence-autonomie dotée de 18 logements à Quartier d’Orléans, pour l’accueil des couples seniors et des personnes âgées seules.
EHPAD Bethany Home
À l’EHPAD Bethany Home, seul établissement d’accueil pour personnes âgées dépendantes du territoire qui accueille 40 résidents, la ministre a échangé avec les résidents et les équipes, qui ont exprimé leurs attentes autour du projet de réhabilitation. La Présidente du Conseil d’administration, Audrey Gil, et le directeur Henri Nagapin ont insisté sur la nécessité de renforcer les capacités d’accueil avec un objectif de 60 à 70 places et d’adapter la structure aux nouvelles pathologies liées au vieillissement. Charlotte Parmentier-Lecocq a rappelé : « Apporter l’attention du Gouvernement sur ces sujets est essentiel. Il faut prendre soin de ceux qui prennent soin ». Elle a également salué « l’énergie exceptionnelle » des professionnels rencontrés.
Living Museum d’Hope Estate
La dernière séquence du déplacement ministériel s’est déroulée au Living Museum, porté par l’association Art for Science. Ce lieu innovant, 1er Living Museum de France, accueille des personnes souffrant de troubles psychiques, de handicap ou de situations sociales complexes, en leur offrant un espace de création et d’expression par l’art. Aux côtés de trois bénéficiaires de l’Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH) de Guadeloupe, elle a découvert la “capsule émotionnelle”, espace chargé de créations cathartiques. Forte de cette énergie collective, la ministre Parmentier-Lecocq a ensuite participé à un atelier de sculpture à l’argile en compagnie du préfet Cyrille Le Vély, de la 3ème VP de la COM, Dominique Démocrite Louisy, et des bénéficiaires, partageant un moment hors du temps et des considérations politiques. Instant précieux qui a permis aux officiels de prendre conscience de la nécessité d’un tel dispositif artistique dans le quotidien de la population.
Lettre d’intention vers une convention plus inclusive
Autre point fort de la visite ministérielle, une lettre d’intention a été signée entre l’État et la Collectivité de Saint-Martin jusqu’au 30 juin prochain, préfigurant la mise en place d’une convention structurante autour du handicap, de la santé mentale et du vieillissement. Elle vise notamment à concrétiser des projets comme la Maison Territoriale de l’Autonomie, le futur Pôle médico-social ou encore le renforcement de l’offre de répit. Pour la ministre, l’échéance au 30 juin est primordiale : “Sans échéance, ça n’engage pas tant que ça. Mon cabinet va suivre ça depuis Paris, ainsi que le préfet et l’ARS sur le terrain, on va se donner tous les moyens avec la Collectivité pour atterir sur cette convention qui sera notre feuille de route pour avancer ensemble. On ne part pas de rien (…) mais il faut à un moment donné l’écrire et définir un moyen de le concrétiser, et les financements qui vont avec. Pour moi, cette convention va permettre de définir l’enveloppe, mais nous devons d’abord définir les besoins pour définir ladite enveloppe”.
L’engagement des professionnels vivement salué par la ministre
Au terme de cette journée de visite, la ministre chargée de l’autonomie et du handicap s’est dite profondément marquée par l’engagement local autour de ces deux grandes questions : « Ce qui me frappe fort ici, c’est l’énergie. L’énergie des personnes rencontrées, des professionnels qui trouvent des solutions très diverses. Il y a une capacité à s’adapter ici, on avance, on fait, on trouve des solutions mais à côté de ça, on mesure l’ampleur de tout ce qui reste à faire, ça se ressent au quotidien, avec des personnes en grande souffrance. Les associations font beaucoup mais la Collectivité est là, l’État est là. On doit encore apporter des solutions et des moyens, on a besoin de mettre en partenariat toutes ces volontés, les uns sans les autres, ça ne marche pas”. _Vx
No comments